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Les ministères en charge de l’agriculture, de l’environnement et de la recherche ont saisi INRAE fin 2019 pour réaliser une expertise scientifique collective (ESCo) évaluant l’efficacité de stratégies de protection des cultures fondées sur la diversification végétale. Il s’agissait également d’analyser les freins et les leviers techniques, socio-économiques et institutionnels du déploiement de telles stratégies. Cette demande s'inscrit dans le cadre du plan Ecophyto 2+, en complément de l’ESCo sur les « Impacts des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les services écosystémiques » conduite en parallèle par INRAE et l'Ifremer.

L'ESCo vient éclairer de nouvelles modalités de gestion des agroécosystèmes et des paysages pour supprimer l’usage des pesticides. Elle alimente ainsi le Programme Prioritaire de Recherche (PPR) « Cultiver et protéger autrement » qui invite la recherche à concevoir des systèmes de culture sans pesticides de synthèse.

À l’échelle de la parcelle, l’ESCo "Protéger les cultures en augmentant la diversité végétale des espaces agricoles" a analysé notamment les effets des mélanges de variétés ou d’espèces, des bandes enherbées, des plantes de service et des rotations. À l’échelle du paysage, elle a étudié le rôle des assolements, de la taille et de la forme des parcelles, mais aussi les îlots et connectivités créés par les haies ou les lisières, bois, prairies permanentes, etc.

Réalisée par un comité pluridisciplinaire d’experts, l’analyse de plus de 2 000 références scientifiques internationales montre qu’augmenter le niveau de diversité végétale des parcelles et des paysages contribue efficacement à la régulation des bioagresseurs des cultures. Par ailleurs, les systèmes diversifiés présentent en moyenne de plus hauts niveaux de biodiversité associée et fournissent davantage de services écosystémiques à la société. La plupart des systèmes bas-intrants diversifiés permettent d’atteindre des rendements plus élevés et/ou plus stables que leurs équivalents moins diversifiés. La mise en œuvre de stratégies de diversification est cependant limitée par de nombreux verrous à tous les niveaux des filières agricoles. Les systèmes diversifiés peinent souvent à dégager une rentabilité à l’échelle de l’exploitation, notamment parce que les intérêts écologiques de la diversification végétale s’expriment sur le long terme, et en partie au-delà des limites de l’exploitation agricole. Les politiques publiques apparaissent ainsi comme un levier central pour inciter et accompagner le développement de la diversification végétale.

Les conclusions de cette ESCo ont été restituées lors d'un colloque public le 20 octobre 2022. Le colloque a été l'occasion de présenter et d'échanger sur les résultats de l'ESCo qui a mobilisé une trentaine d’experts scientifiques pendant deux ans et demi.

L'ESCo a donné lieu à la production d'un rapport, d'une synthèse et d'un résumé, ainsi que d'un ouvrage paru en août 2023 aux éditions Quae