Séminaire INRAE FAO 21 01 25
Séminaire INRAE FAO : partager ses pratiques pour consolider ses méthodes

Séminaire INRAE FAO : partager ses pratiques pour consolider ses méthodes

21 janvier 2025

INRAE Paris

Le 21 janvier dernier, INRAE et la FAO ont organisé un séminaire scientifique sur la prospective appliquée à la transition des systèmes agri-alimentaires. INRAE, organisme de recherche français, et la FAO, agence spécialisée des Nations Unies, travaillent tous deux dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation. Les deux organisations utilisent la prospective comme outil pour éclairer les politiques publiques et partagent des questions méthodologiques comme le changement d’échelle. La FAO pratique des exercices de prospective pour mieux cerner comment transformer les systèmes agri-alimentaires du niveau régional au niveau mondial. De même, des travaux de prospective menés par INRAE ont déjà été réalisés à plusieurs échelles : Nouvelles ruralités 2030, Elévation du niveau de la mer en 2100, Forêt des Landes de Gascogne 2050. Le séminaire s’inscrivait dans le contexte des défis auxquels les pays du monde entier sont confrontés pour transformer les systèmes agri-alimentaires dans le sens de la durabilité et de la résilience.

Une journée associant éléments théoriques et cas pratiques

Séminaire INRAE FAO 21 01 25 bis

La nature opérationnelle de la prospective a été soulignée dès l’introduction de la journée. La prospective n’est seulement un exercice intellectuel, elle doit donner lieu à des actions et permettre d’atteindre des objectifs partagés, de travailler, par exemple, à la fois des enjeux biophysiques et socio-économiques. De même, c’est un bon outil pour faire dialoguer les parties prenantes, sa dynamique est itérative et plastique, elle s’adapte aux contextes et aux interlocuteurs. Un rappel théorique, définissant scénarios et méthodes des prospectives en fonction du contexte, présentant l’articulation entre les éléments qualitatifs, ou narratifs, et les aspects quantitatifs par modélisation a ensuite posé le cadre des présentations de cas pratiques.

La prospective « Future Of Food and Agriculture - Drivers and Triggers for Transformation » (FOFA-DTT) de la FAO a donné des exemples d’articulation de l’exercice de prospective à différentes échelles. Il a par exemple été montré que l’échelle globale permet une cohérence des hypothèses d’évolution au niveau mondial tandis que l’échelle locale permet l’émergence d’interdépendances trans-régionales qui, remontées au niveau global, enrichissent les scénarios.

La présentation de la prospective « Agriculture européenne sans pesticides en 2050 » (AESP) menée par INRAE a, de son côté, permis d’illustrer des méthodes présentées en introduction de la journée : développement de scénarios à échelle européenne, downscaling, backcasting et modélisation. Par ailleurs, les résultats des modélisations menées dans le cadre de AESP ont montré, qu’à condition de changement de régime alimentaire, se passer de pesticides est associé à une diminution des émissions de gaz à effet de serre et a un effet sur la place de l’Europe dans le commerce agricole. Le backcasting d’un scénario développé par AESP en Italie a permis aux parties prenantes d’appréhender la réduction de l’usage des pesticides par la mise à l’épreuve du scénario. Ainsi, le résultat de l’exercice n’est pas seulement la production d’une trajectoire de transition pour un scénario appliqué à une région et à une culture, mais il est l’application concrète de l’exercice de prospective, il change alors la pratique des acteurs.

Séminaire INRAE FAO 21 01 25

Le reste la journée a permis de souligner l’importance de l’aspect participatif des exercices de prospective, en utilisant par exemple des outils pour mettre en œuvre la prospective, de type jeux sérieux. La journée s’est achevée par une table ronde rassemblant différents acteurs (représentants OCDE, UE, Nations Unies, Université Technologique de Vienne) invités à revenir, de leur point de vue, sur les exposés et les grands enjeux de la journée, à savoir les approche multi-échelles, la transformation des systèmes agri-alimentaires, l’utilisation de la prospective par les pouvoirs publics et les manières de communiquer autour des exercices de prospective.

La prospective, une pratique entre sciences et politique

En conclusion, il a été rappelé que la prospective peut être utilisée pour informer les décisions de l’échelle locale à l’échelle globale. Située à l’interface entre sciences et politique, elle doit donner lieu à l’analyse des facteurs d’économie politique qui font obstacle au changement. La dimension temporelle des prospectives a donné lieu à une réflexion sur le rapport entre les prises de décisions et leurs impacts : certains impacts sont irréversibles à très long terme, ce qui semble être l’urgence d’aujourd’hui doit donc s’inscrire dans une vision à long terme. Enfin, l’intégration des différents acteurs, y compris les jeunes générations, est fondamentale à la prospective comme outil de transformation.

Nous remercions les experts de la FAO, de la Commission européenne -DG AGRI et CCR-, de l’OCDE, du WUR, de l’école Santa Anna, de IIASA, du programme SDSN (Sustainable) des Nations-Unies, de l’Austrian Institute of Technology et d’INRAE d’avoir partagé leurs points de vue sur les dynamiques mondiales et locales des transitions des systèmes agroalimentaires.